La digitalisation dans la finance et le conseil en investissement.

La numérisation constitue une aide précieuse pour les analystes et les conseillers à la clientèle car elle permet une maîtrise plus efficiente des risques et des coûts. Elle augmente la productivité et crée de nouvelles offres de produits mieux adaptés aux clients et à leurs besoins. Les banques suisses se sont bien positionnées ces dernières années car elles ont su exploiter les nouvelles possibilités numériques tout en préservant également les atouts traditionnels de la place financière (hauts niveaux de formations et de compétences, discrétion et savoir-faire). Par mon expérience dans le monde bancaire, j’ai constaté néanmoins que les flux papier sont encore très présents. Les gestionnaires sont souvent accaparés par des tâches administratives (KYC, documents compliance sans cesse à renouveler, etc) les empêchant de se concentrer sur leur vraie valeur ajoutée dans la relation client.

Les robo-advisors sont des plateformes numériques proposant des portefeuilles d’investissement automatisés. Capables de gérer des actifs financiers 24h sur 24h, de réinvestir de façon méthodique une échéance obligataire ou des loans et surtout de prendre la décision de liquider toute une position ou tout le portefeuille sans états d’âme et sans craintes de coûts que cela représente. Malgré des coûts inférieurs à ceux des gérants de fortune traditionnels et des performances supérieures aux fonds stratégiques, ces robo-advisors n’arrivent pas à séduire en suisse. Ils visent aujourd’hui encore principalement une clientèle retail qui ne possède pas suffisamment d’actifs sous gestion pour bénéficier d’un conseil personnalisé. A titre d’exemple, à fin 2018, ils géraient à peine plus de 300 millions selon l’IFZ/AMP Asset Manangement Study 2019. On est bien loin des 430 milliards gérés par les leaders aux US comme Betterment ou Wealthfront. 

Selon moi, ces chiffres ne pourront augmenter que si les clients fortunés en Suisse sont à leur tour séduits par une gestion faite d’algorithmes automatisés. Mais ce n’est pas encore le cas car les clients fortunés souhaitent toujours une assistance et une gestion personnalisée et dédiée qui intègre leurs contraintes. Ces contraintes de gestion qui ne sont pas prises en compte par les robo-advisor et qui sont  le fléau des conseillers financiers. Tous les clients ou presque ont à un moment donné une ou plusieurs contraintes de gestion qu’ils souhaitent ajouter et qui rend la gestion par défaut, “tailor made”.